Bernardino Toppi
L'INTEMPOREL
En hommage à ces critiques qui malheureusement nous ont quittés ...
« IL A TROUVE LA CLE DE NOTRE COEUR »
Ah ! le curieux peintre que TOPPI. Alors que d'autres s'efforceront de courir après l'originalité et, croyant faire du neuf, ne font que du banal, de l'usé et de l'artificiel, voici un artiste qui, tout naturellement, sans se forcer, poussé par on ne sait quelle grâce ou par quel instinct, je dirai presque naïvement, nous propose une peinture saine et pure, une peinture lisible et claire qui tranche nettement sur les productions d'aujourd'hui.
Au fond, ce qui fait l'originalité de TOPPI c'est qu'il ne se veut pas original et qu'il se contente tout simplement de nous offrir des choses simples. "Vêtu de probité candide", honnête jusqu'à la démesure, il peint la vie quotidienne sans se soucier le moins du monde de savoir si les histoires qu'il se raconte et qu'il nous raconte auront l'heur de plaire à autrui.
Mais n'est ce pas cela, au fond, la vraie peinture ?
Peindre pour soi, peindre ses propres sentiments et ses propres sensations, aller droit le chemin qu'on sent et sait être le sien et laisser à d'autres le soin d'adresser un message à l'humanité, de construire une chapelle ou d'inventer un système.
… il n'est que fraîcheur et fantaisie et, parce qu'il est différent des autres, il se croit pareil aux autres et s'émerveille de les regarder vivre.
Ses sujets ? Tout ce qui se présente à lui : les hommes, les choses, les événements. Ses mots, son style, sa façon de s'exprimer ? Dépouillés, familiers, avec une pointe d'ingénuité qui ajoute encore à leur saveur, le tout baigné dans une sorte de poésie à laquelle nous sommes d'autant plus sensibles qu'elle n'est pas recherchée.
S'il fallait d'un mot, définir la peinture de TOPPI et en marquer le signe prédominant, je dirais : la tendresse.
Tendresse dans les thèmes et tendresse dans la forme, tendresse de l'homme bon qui avance les mains, non pour recevoir, mais pour donner et qui ne se sent riche que parce qu'il partage ses richesses autour de lui. Oui, elle est bien réconfortante la peinture de TOPPI.
Dans ce monde moderne qui se sait et se veut dur, c'est l'éclair de ciel bleu aperçu au fond du labyrinthe, la goutte d'eau qui calme les moiteurs de la fièvre.
Sans effort et sans même qu'il le veuille, par la grâce d'une peinture accueillante et sereine, TOPPI sait trouver la clé de notre coeur et lui apporte, chaque jour renouvelés, le bonheur, le plaisir et la paix.
André FLAMENT
Président de « Peintres Témoins de leur Temps
Seul sans doute de son espèce, Bernardino TOPPI peint à la fresque sur des toiles préalablement enduites d'une mince couche de plâtre.
Il immobilise le temps, qui reste comme suspendu dans ses grandes oeuvres empreintes de mystère ou de mysticisme. Même quand il représente un marché, des chameliers sous les palmes, des âniers de Sicile, des scènes de pêche ou des orchestres de musiciens rouges, l'artiste ne sacrifie jamais à l'anecdote, car le sujet, dépouillé à l'extrême, n'est pour lui qu'un prétexte à une symphonie de couleurs aussi subtiles que délicates dans un tracé qui réduit la ligne à son essence même. ...
Cette peinture, économe de moyens, avare d’effets jusqu’à l’ascèse, nous entraîne dans un monde de traces et de mémoire, qui se volatilise magiquement sous le regard, entre visible et invisible.
Marc Hérissé
(La Gazette de l’Hôtel Drouot)
La peinture de Toppi a cette vertu d’être intemporelle et universelle.
Ce peintre en immobilisant ses personnages anonymes dans le temps aurait pu être l’un des artistes de Pompeï ou un miniaturiste, un fresquiste du XVème siècle. Il est lui-même, avec une volonté d’absence de perspective avec ses plans de noirs, ocres, jaunes, roses et gris mats, ponctués de fines irisations. Un métier subtil en demi-teintes où frémissent des atmosphères claires et impersonnelles. Prohibant la couleur pure, avec de grands plans cernés, sans ombre, où l’aplat est primordial, il nous délecte de trombonistes dans l’orphéon du village, de paysans aux champs de Fra-Angelico ; il descend sur le forum au milieu des marchands des quatre-saisons. Une vision primitive de personnages entêtés dans leur pudeur, une étonnante peinture ne se rattachant à aucune école et en cela Toppi est un grand artiste.
Guy Vignoht
Extrait de son livre « La Jeune Peinture »